Après les critiques suscitées par la réforme de l’enseignement des Sciences Economiques et Sociales en 2nd, le gouvernement récidive avec le programme de 1ère. On passe d’u apprentissage de sciences économiques et sociales permettant de comprendre la société dans laquelle nous vivons à un enseignement universitaire de l’économie et la sociologie basé uniquement sur les concepts scientifiques. Encore une réforme de l’enseignement qui va vers plus d’élitisme et de conditionnement, où les concepts sont plus importants que les questions, où le social devient sociologie, où le monde est réduit à la microéconomie et à la maximisation de la fonction d’utilité, où l’humain disparaît derrière des équations. Tous les maux de notre société moderne.
Gérard Grosse, ancien professeur de SES, sur le site de l’Idies considère que :
- Le projet est inadapté d’un point de vu pédagogique : « Ce projet de programme inverse la priorité des objectifs de la discipline. C’est maintenant la transmission aux élèves des fondements des sciences de référence qui devient la priorité numéro un. L’objectif de formation du citoyen est bien cité, juste pour mémoire (in memoriam ?), en passant, surtout sans insister et l’idée qu’il s’agit bien d’un enseignement de culture générale n’est même pas évoquée (…) Il s’inscrit dans le mouvement inverse des autres disciplines : priorité à la formation du citoyen, entrée par des objets d’étude autour de questions socialement vives, introduction prudente de la démarche et des concepts scientifiques, préoccupation pour l’apprentissage des compétences par les élèves. Tout cela on peut le trouver en mathématiques, physique-chimie, histoire-géographie, bien peu dans ce projet de programme pour les SES. »
- Le programme est trop dense en concept pour être enseigné en 1ère : « Le nombre de notions qui connait une inflation galopante avec plus de 130 concepts. Cette inflation notionnelle est la conséquence de la dérive « universitariste » (voir ci-dessous) qui pousse à accumuler sans cesse les « fondamentaux » afin de coller au plus près des savoirs universitaires de référence. »
- Le projet crée un déséquilibre au profit de l’économie : « Qu’il s’agisse du volume horaire préconisé ou du nombre de notions, l’économie occupe une place dominante. Le souci qui prévalait jusqu’ici d’un certain équilibre entre l’économie d’une part et les (autres) sciences sociales d’autre part disparait. Faisant craindre à certain que les enseignants de SES se transforment en « prof d’éco », ce qui irait dans le sens de la fusion entre sciences économiques et sociales et économie-gestion. »
- Enfin, le projet porte la marque de la pensée unique libérale. « La partie économie est tout droit sortie d’une maquette du cours de microéconomie de premier cycle de fac. Avec une fascination pour les manuels d’économie américains. Au moment où nos sociétés s’interrogent sur la crise, le chômage de masse, les déficits publics, l’avenir des retraites, les politiques d’austérité, la macroéconomie passe largement à la trappe. » Concernant la sociologie, ce qui est considéré comme « trop déterministe et trop compassionnelle disparait, au point même qu’il n’est plus question ni d’inégalités ni de classes sociales (dans sa version initiale, le programme de seconde du groupe d’experts faisait disparaître le chômage, ici ce sont les classes). Par contre il s’agira, dans une démarche très académique, de s’intéresser à une multitude de groupes (primaires, secondaires, de référence, etc.), à la sociologie des réseaux ou aux « effets émergents ». Boudon prend décidément sa revanche sur Bourdieu ! »
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