Kerala, quand communisme rime avec développement

Après le Karnataka, le Tamil Nadu et le Rajasthan, je reviens du Kerala. Dès mon arrivé j’ai été surpris, pas de mendicité, pas d’abris de fortune pour les plus pauvres, des maisons toutes en dur, des routes en bon état et ce même dans le Kerala « profond ». Rien à voir avec le Tamil Nadu ni avec Bangalore pourtant silicon valley de l’Inde. Quand on analyse plus en détail cet état on découvre rapidement que le Kerala est en avance sur l’Inde dans bien d’autres domaines. C’est l’état d’inde qui a :

  • le taux d’illettrisme le plus faible (5%) loin devant les autres (34%),
  • le ratio femmes/hommes le plus proche de 50%,
  • le taux de croissance de la population le mieux maitrisé.
  • l’Indice de Développement Humain le plus élevé avec un indice proche de 0,8 (le niveau Portugal) contre 0,5/0,55 pour l’Inde (niveau de l’Afrique du sud, du Maroc).

Et seulement 5ème état en termes de PIB par habitant avec un niveau tout de même 30% supérieur au niveau moyen de l’Inde.

Pourquoi un tel singularisme, miracle ? Deux explications possibles, le Kerala est

  • l’état qui a le taux de Chrétien le plus élevé avec 30% de la population
  • le premier état à s’être doté d’un gouvernement communiste en 1957 et qui a pendant pratiquement cinq décennies mis en œuvre une gestion alternative socialiste.

Ces résultats montrent qu’un modèle basé sur la solidarité, le service publique est un modèle qui peut marcher contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire. Par ailleurs, le Kerala montre que démocratie et communisme sont compatibles. Quant-au lien avec le christianisme, ne dit-on pas que Jésus a été le premier communiste !

A la base, les communistes ont mis en place un système d’éducation publique, universelle et gratuite unique en Inde. Tous les jeunes enfants vont, à minima, jusqu’à l’équivalent de notre collège et une grande majorité d’entre eux accède au lycée alors que seulement 15% des jeunes Indiens accèdent à l’enseignement secondaire. 98% des enfants ont une école à moins de deux kilomètres de leur domicile.

Dans la santé, le développement d’un service public universel et gratuit a conduit à faire du Kerala un état modèle : l’espérance de vie au Kerala est de 77 ans contre 63 ans dans le reste du pays. Le Kerala offre à ses habitants 330 lits pour 1 000 habitants… contre 0,7 lits pour 1 000 dans le reste de l’Inde. Le Kerala  est présenté par l’OMS comme un des premiers pays « baby-friendly » du Tiers-monde, avec des programmes d’hospitalisation des mères enceintes (95% des accouchements en hôpital) et un taux de mortalité infantile est de 12 pour 1000, proche de celui des pays développés (6 pour 1 000 aux Etats-unis) mais loin devant le 55 pour 1000 de l’Etat indien.

Le Kerala fut aussi le premier état à mettre en œuvre une réforme agraire générale dans les années 1960. La réforme a non seulement éradiqué le problème des paysans sans-terre, garanti une redistribution plus équitable des terres permettant aux paysans du Kerala de vivre de leur travail, mais a aussi constitué les bases d’un secteur agraire efficace assurant l’indépendance alimentaire de l’état.

Certain considère que  la politique mise en œuvre empêche l’état de bien se développer. Ce procès ne fait que mettre en évidence la pensé dominante car les chiffres montre que, même sur le plan économique, le Kerala se porte bien en se plaçant au 5ème rang pour le PIB par habitant.

Nous sommes ici loin des caricatures du communisme, de ses dérives totalitariste. Nous avons avec le Kerala l’exemple d’un état communiste, démocratique et qui se développe.

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