G20, Arnaque ?

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Le G20 nous propose de nombreuses mesures qui devraient permettre d’éviter qu’une crise comme celle que nous connaissons se reproduise. Le bon peuple devrait être rassuré et ne plus s’inquiéter. Réguler les bonus, réglementer les produits structurer, contrôler les agences de notation… N’est ce pas un peu trop facile, simpliste ? Tout le monde serait coupable sauf les marchés financiers qui restent la solution. N’a-t-on pas simplement sacrifié quelques boucs émissaires pour essayer de sauver le marché financier nouveau poumon du capitalisme moderne ? N’est-ce pas une nouvelle arnaque ? Analyse d’André Orléans (Alternatives Economiques, septembre 2009).

L’efficience des marchés financiers, élément central des théories économiques qui sous-tendent notre modèle capitaliste n’est qu’un mythe. Les bulles financières comme celle des subprimes « mettent en lumière un fait essentiel : l’inefficience de la concurrence en matière financière. Sur les marchés de biens ordinaires, quand les prix s’écartent de la vraie valeur des biens, le jeu de l’offre et de la demande provoque un retour automatique à l’équilibre (…) sur les marchés d’actifs, ce mécanisme ne fonctionne pas : quand les prix augmentent, cela peut produire l’augmentation de la demande, et non sa baisse ! (…) Il s’ensuit la formation d’une croissance auto-entretenue des prix, encore appelée « bulle », qui vient contredire la thèse selon laquelle la concurrence financière serait stabilisante. L’inefficience de la concurrence est à l’origine de toutes les crises financières. Les marchés financiers ne savent pas s’autoréguler. »

Les acteurs financiers ont une rationalité qui est déconnectée de la valeur intrinsèque des choses. « L’enjeu, pour un investisseur, consiste à prévoir les prix futurs. C’est cela qui importe pour lui et non pas ce qu’il pense du niveau des vraies valeurs. S’il anticipe que le marché va monter, il achète. S’il estime qu’il va baisser, il vend, indépendamment de sa propre conviction sur la surévaluation ou la sous-évaluation des actifs. Ce comportement mimétique qui consiste à s’aligner sur l’opinion moyenne est parfaitement rationnel individuellement, mais peut se révéler désastreux collectivement puisqu’il provoque des bulles, et que ces bulles finissent par éclater. Même l’acteur qui a parfaitement identifié une bulle a intérêt à la suivre tant qu’il ne prévoit pas le déclenchement imminent du krach. Le marché est donc intrinsèquement inefficient puisque le jugement de chacun n’engendre pas un optimum collectif, comme le voudrait la théorie libérale. ». Dans le cas de la crise actuelle, après avoir été à l’origine de la bulle, le marché financier a été incapable d’arrêter la baisse et seul « l’intervention d’acteurs extérieurs à la finance, à savoir la puissance publique, a pu stopper la chute vertigineuse des prix. »

Face a cette déficience des marchés financier « on nous explique par exemple que la titrisation était opaque, que les produits structurés étaient difficilement évaluables, que les agences de notation étaient déficientes, que les systèmes de rémunérations poussaient à prendre des risques excessifs, que les normes comptables étaient procycliques, que les autorités de régulation n’assumaient pas leurs responsabilités ou encore que les banques centrales n’ont pas vu la bulle. Toutes les institutions auraient fauté sauf une, étrangement, le marché lui-même, qui se trouve exonéré de toute responsabilité. (…) En conséquence, selon le G20, tout doit être transformé à l’exception de la concurrence financière, dont « l’intégrité » doit être préservée. »

André Orléans est directeur de recherches au CNRS et directeur d’études à l’EHESS.

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