Cahuzac, entre colère et espoir

Le premier sentiment devant cette histoire, finalement assez sordide, est un sentiment de trahison. Comment cet homme a pu accepter la place que François Hollande lui proposait, comment a-t-il pu délibérément mentir aux français, à leurs représentants, à un ami soi-disant ?

Le deuxième sentiment est la fragilité, la faiblesse de l’Homme. Le péché est le côté obscure de la morale et sans lui la morale serait inutile l’amour se suffisant à lui-même. En prenant le chemin du juge pour avouer Jérôme Cahuzac a d’une certaine manière pris le chemin du confessionnal. Ce faisant il mérite plus de respect que d’autres qui persistent dans le mensonge. Cela signifie-t-il que je suis prêt à lui pardonner ? Non car la trahison fait trop mal, non car la colère est trop forte.

Mais une autre colère monte, une colère encore plus forte. La mise en cause du gouvernement, du Président, qui eux aussi ont été trahis, par la classe politique et les média est injuste. Alors que la presse et la justice ont pu faire leur travail, sans intervention de l’état, en toute liberté comment ceux qui ont fait l’exacte contraire peuvent-ils tenir les propos qu’ils tiennent. Comment ceux qui ont accusé une certaine presse de dérive rappelant les années 30, comment ceux qui viennent de mettre en cause la justice peuvent-ils le lendemain reprocher à un gouvernement d’avoir cru un des leurs. Certes François Hollande aurait pu soupçonner son ministre, il aurait pu mener des investigations plus poussées avec des officines, mais la confiance est aussi une valeur importante. Comment accuser de faiblesse celui qui a, avant même une mise en examen, exigé la démission de son ministre. Injuste car Jérôme Cahuzac aurait pu poursuivre dans le mensonge et n’avouer que ce qui était déjà connu comme certains l’ont fait et alors il aurait continué à bénéficier de la présomption d’innocence et jouer les victimes.

Ce sont ceux qui jouent les chevaliers blancs alors qu’ils ont eu des pratiques inamissibles vis-à-vis de la presse et de la justice qui affaiblissent la politique, qui font le lit du « tous pourris ». Il faut aller plus loin dans la moralisation de la politique. François Hollande a proposé des pistes. C’est un premier pas, mais la situation exige d’aller plus loin. La morale ne relève pas de l’ordre de la justice. Ne pourrait-on pas trouver un statut entre coupable et innocent, un statut dans lequel la charge de la preuve serait inversée. Ce nouveau statut, interdisant l’accès à toute fonction représentative du peuple, obligerait l’homme politique à anticiper les problèmes à venir liés à son action, à être exemplaire.

François Hollande a, avec cette affaire, une opportunité, une obligation à aller plus loin sur le chemin d’une République irréprochable, c’est la bonne nouvelle.

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